Alléluia! Je suis en rémission. Rémission, rémission, rémission. Je me le répète encore et encore, dans l’espoir que ça s’imprègne en moi, mais je n’arrive pas encore à le réaliser.

par Robin Harry

J’ai d’abord pensé tourner autour du pot et faire durer le suspense… mais je suis trop excitée…

RÉMISSION

Alléluia! Je suis en rémission. Rémission, rémission, rémission. Je me le répète encore et encore, dans l’espoir que ça s’imprègne en moi, mais je n’arrive pas encore à le réaliser. Je peux enfin parler au passé. J’AVAIS un lymphome.

Je vais maintenant essayer de reprendre ma contenance pour décrire le déroulement de la journée.

Je suis arrivée à l’hôpital à 8 h 15, pour effectuer une prise de sang. Le rendez-vous avec l’hématologue était prévu pour 9 h. Dr. Matthew Cheung (j’écris son nom ici au cas où il lirait ceci, afin qu’il sache à quel point il est extraordinaire). Il a commencé par me parler du TEP, en disant que la radio ne présentait aucune zone de glycémie élevée, et que la partie TDM montrait des tissus cicatriciels là où se trouvait le cancer. Bien que mon cerveau mordu de sciences sache exactement de quoi il était question, j’éprouvais le besoin d’entendre prononcer les mots. « Aloooooors, qu’est-ce que ça veut dire? », ai-je demandé. Il m’a confirmé que j’étais en rémission. Rémission! J’ai passé le reste du temps dans son cabinet à réprimer un sourire béat. Et avec peu de succès, qui plus est.

 Il m’a expliqué que je serai suivie à peu près pour le reste de mes jours, mais pour moi, ça n’avait pas d’importance. C’est la vie avec le lymphome. Sauf quelque rechute, je devrai consulter tous les trois mois durant la première année, tous les quatre mois durant la seconde, puis tous les six mois l’année suivante, et finalement, tous les ans environ jusqu’au dixième anniversaire de ma rémission, lorsque je devrai passer des examens pour dépister les cancers secondaires (un risque des traitements anticancéreux). Mis à part cela, j’ai FINI!

J’ai passé le reste de la journée dans un épais brouillard jubilatoire au travail, à faire de courtes prières pour exprimer ma reconnaissance, à faire des appels téléphoniques, à envoyer des courriels et des textos à ma famille, à mes amis, et à annoncer la nouvelle à mes collègues. Les réactions que j’ai reçues étaient inimaginables, mais dans le bon sens du terme; le soutien duquel j’ai bénéficié n’aurait pas pu être plus tangible qu’avec tous ces tops-là, tous ces câlins, tous ces cris. J’ai vu une personne qui a toujours été mon rocher fondre en larmes de soulagement. Mon frère a comparé la situation à celle d’un asthmatique qui, après avoir souffert pendant des mois, arrive enfin à respirer. La facture de téléphone de mes parents va sans doute être salée. Honnêtement, je suis simplement soulagée d’avoir enfin pu donner de bonnes nouvelles, pour faire changement. J’étais contente de voir les gens heureux.

Je vais sans doute trier toutes ces émotions demain, et comprendre l’implication de tout ceci dans son ensemble. Jamais ma vie n’aura été aussi précisément marquée par une date au calendrier. Mais pour le moment, j’en profite, tout simplement.

18 avril 2012 : Hier, j’étais atteinte du cancer. Aujourd’hui, j’en suis une survivante.

lymphomalowdown@gmail.com

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