J’ai franchi une étape importante aujourd’hui. C’était la première fois que j’allais à l’église depuis le début de mes traitements et j’étais très heureuse d’y retourner.
par Robin Harry
J’ai franchi une étape importante aujourd’hui. C’était la première fois que j’allais à l’église depuis le début de mes traitements et j’étais très heureuse d’y retourner.
La dernière fois que j’y suis allée remonte au dimanche précédant le début de la chimiothérapie. Je devais éviter les foules et il n’y a pas de foule plus imposante que lors de la messe du dimanche matin : l’église où je vais peut accueillir plus de 1000 personnes. Ma congrégation est très portée sur des gestes du type « accueillir son voisin » ou « dire à 4 personnes de son entourage que Dieu est avec eux ». En temps normal, cette camaraderie et ces encouragements en apparence anodins ne posent pas problèmes, bien que ces gestes soient un peu effrayants pour un cancéreux immunodéprimé. Je ne connais pas beaucoup de gens à l’église. Et avec un système immunitaire affaibli, ces personnes que j’aurais appelées mon frère ou ma sœur sont devenues d’inquiétants étrangers susceptibles de m’envoyer à l’hôpital… Je sais que ça parait méchant, mais c’est la pure vérité.
Quel bonheur d’être de retour à l’église. C’était tellement inspirant de chanter à nouveau avec la congrégation. Quel plaisir j’ai eu à écouter le sermon du pasteur. Je suis heureuse d’avoir célébré ma foi entourée d’autres personnes. Ma foi chrétienne représente une partie importante de ma lutte contre le cancer, c’est elle qui m’a le plus aidé à passer au travers des moments difficiles, grâce à la gratitude et la compassion que j’avais en moi.
Il y a certains passages de la Bible qui m’ont réellement aidé à passer au travers et, puisqu’ils sont pour moi aussi importants que le compte rendu des effets de la chimio et de me plaindre des souris, je vais également les partager :
« Bien plus, nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l`affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l`épreuve, et cette victoire l`espérance. Or, l`espérance ne trompe point, parce que l`amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. » (Romains 5 : 3-5)
Je n’adhère pas au courant de pensée populaire contemporain qui suggère que les moments difficiles n’arrivent pas ou ne devraient pas affliger les chrétiens. Pourtant la détresse existe — elle a toujours existé — et tant qu’on ne sera pas tous rendus au bout du rouleau (« When the Roll is Called up Yonder »), elle continuera d’exister. Ce passage me rappelle que les moments difficiles n’arrivent jamais pour rien. Du moins, si je les aborde du bon angle et avec persévérance, je pourrai devenir une meilleure personne grâce aux leçons de la vie. De mon point de vue, en regardant en arrière, j’aime croire que je suis une personne différente. J’aurai certainement appris beaucoup de choses sur moi-même et sur les autres. J’ai découvert le genre de caractère dont je souhaite faire preuve, ainsi que les limites de ma force (de toute évidence, elle s’arrête aux souris). Je me suis accrochée à l’espoir de voir des jours meilleurs et je n’ai jamais cessé de croire en l’amour de Dieu.
« Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaitre vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ. » (Philippiens 4 : 6-7)
La paix de Dieu surpasse toute intelligence. Ouaip! Ce verset m’a permis de rester calme et sereine, c’est grâce à lui si je n’ai pas (encore) perdu la tête et que je ris lorsqu’on me dit de garder la tête haute, sans que personne ne comprend pourquoi. C’est pour cette raison que les gens louangent « la façon avec laquelle je gère la situation. » Ce n’est pas seulement moi, mais la paix provenant de la certitude que Dieu entend ma prière pour que sa volonté soit faite.
Je ne veux pas transformer ceci en débat théologique — je ne souhaite que faire état de mes croyances. Je sais qu’il y a de nombreux patients qui choisissent de reprendre la maîtrise de la situation du mieux qu’ils peuvent et c’est leur manière de passer au travers de cette épreuve. Cependant, je dois dire que je n’échangerais pas cette paix pour rien au monde.