Deux semaines se sont écoulées depuis ma dernière séance de chimiothérapie et je dois dire que j’éprouve encore du plaisir à dire que c’est fini.

par Robin Harry

Deux semaines se sont écoulées depuis ma dernière séance de chimiothérapie et je dois dire que j’éprouve encore du plaisir à dire que c’est fini. Maintenant que le chimio est derrière moi, toutefois, les tâches qui se sont accumulées dans l’intervalle me rattrapent graduellement. Aujourd’hui, j’ai eu une brève conversation téléphonique avec mon spécialiste de la fertilité. Mais je dois d’abord remonter un peu dans le temps pour vous expliquer.

J’ai reçu le diagnostic de lymphome le 29 juin de cette année. Je devais passer une échographie et effectuer une analyse sanguine avant de voir le médecin. Il a été très gentil, mais j’étais bien peu préparée à entendre ce qu’on allait me dire. Après un bilan médical et social complet, une chartre de mes cycles menstruels, etc., le médecin m’a annoncé que le type de chimiothérapie que j’allais devoir subir, le C du R-CHOP, causait très souvent l’infertilité chez les femmes. Si je désirais avoir un jour des enfants, je devrais recourir à la fécondation in vitro, qui coûte les yeux de la tête, implique de l’hormonothérapie, de la chirurgie, et qui m’obligerait à repousser le début de mon traitement de trois semaines. Et le meilleur? À cause du stade auquel j’étais rendue dans mon cycle, je devais décider sur le coup.

Pour être franche, de tous les rendez-vous que j’ai eus avec tous les docteurs depuis que j’ai le cancer, celui-là a été le plus éprouvant. J’étais encore bouleversée à la suite du diagnostic, je me remettais à peine de la biopsie par médiastinoscopie, alors me faire dire que je ne disposais d’aucun délai pour prendre une décision éclairée m’a fait perdre les pédales. J’étais complètement troublée et un peu sur la défensive, si bien que le médecin, ayant probablement pitié de moi, m’a accordé un jour de réflexion. Tout de même, une seule journée pour prendre une décision qui devrait affecterait le reste de ma vie… Un jour pour évaluer à quel point je voulais devenir maman, si tel était le cas. La plupart des femmes peuvent y penser pendant des ANNÉES; moi, je n’avais qu’une journée.

Après bien des prières, et après avoir confié mes angoisses à une amie, j’ai finalement écouté les conseils de mon oncologue, et ai décidé de ne pas repousser le début de la chimiothérapie : je souffrais déjà d’une péricardite, et il m’a averti que d’autres complications cardiaques pourraient survenir. Mon médecin m’a donc suggéré une solution alternative, des injections de Lupron, un médicament qui déclencherait la ménopause et idéalement, « jouerait un tour » à la chimio pour éviter qu’elle ne prenne mes ovules pour des cellules proliférant rapidement (et me donner des bouffées de chaleur). On m’a toujours avertie que cette méthode était loin d’être sûre, puisqu’elle ne fonctionnait que dans 50 % des cas.

Aujourd’hui, je voulais donc connaitre le moment où je saurais si le Lupron a fonctionné, où la ménopause arriverait à sa fin (si elle était vraiment temporaire), et où je n’aurais plus de bouffées de chaleur. Eh bien, je sais que les bouffées de chaleur devraient s’estomper en quelques mois, mais je ne saurai pas si la chimio a anéanti mes ovaires avant cinq mois. Il ne me reste donc qu’à attendre.

C’est l’une des plus grandes difficultés des jeunes cancéreux. Peut-être est-ce un peu plus difficile pour moi de saisir l’ampleur de la chose, vu que je suis célibataire et que je ne décevrai personne avec un diagnostic d’infertilité. Mais j’imagine le drame dans la vie de jeunes adultes qui doivent renoncer à leurs rêves de devenir un jour parents. Les patients plus âgés n’ont pas à s’en soucier. Pour ma part, seul le temps le dira, je suppose.

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