Cette semaine, j’ai franchi quelques jalons importants. Tout d’abord, j’ai eu 30 ans! Eh oui, je dois dorénavant cocher une nouvelle case en ce qui a trait aux renseignements démographiques.
par Robin Harry
Cette semaine, j’ai franchi quelques jalons importants. Tout d’abord, j’ai eu 30 ans! Eh oui, je dois dorénavant cocher une nouvelle case en ce qui a trait aux renseignements démographiques. La journée s’est déroulée sans tambour ni trompette; je me suis rendue au travail comme d’habitude. La majorité des gens n’aime pas travailler le jour de leur anniversaire, mais quand on travaille avec les gens avec qui je travaille, les anniversaires au travail sont en fait plutôt amusants! Je n’avais fait aucun plan pour célébrer l’occasion. Il y a tant que je dois démêler dans ma vie que je ne savais pas trop comment une fête d’anniversaire s’insèrerait dans tout ça. Mais grâce aux amis qui se soucient assez de mon sort pour ne pas me laisser passer mon 30e anniversaire à faire du lavage, je suis sortie au restaurant avec une amie, ce qui a été vraiment très agréable.
Le second jalon que j’ai franchi aujourd’hui : le 1er anniversaire de mon cancer! Il y a un an, le 29 juin 2011, un appel du chirurgien thoracique et une rencontre avec mon hématologue a confirmé que j’avais un lymphome. Je me souviens de cette journée presque comme si c’était hier, malgré la confusion causée par la chimio. Je me rappelle avoir été assise à mon bureau au travail, en train de m’entretenir au téléphone avec le Dr. Simone, mon chirurgien thoracique, pendant qu’il m’annonçait calmement que la biopsie avait révélé un lymphome diffus à grandes cellules B, principalement de type médiastinal. Je me souviens avoir tout noté sur un petit papier jaune, puis avoir écrit un courriel à mon hématologue (comme nous travaillons au même hôpital, je pouvais le faire) pour obtenir de plus amples informations, et demander à le rencontrer cet après-midi-là. Le souvenir de ce rendez-vous est un peu plus confus : beaucoup d’information en peu de temps. Il était aussi très posé, très encourageant et confiant à propos de tout ce qu’il m’a dit. Je me souviens m’être dit que six séances de chimio n’étaient pas tant que ça (comme j’avais tort!). Je me souviens avoir reçu une prescription de prednisone et d’allopurinol, en me demandant comment au monde j’allais parvenir à avaler toute l’eau que je devais boire. Je me souviens m’être demandé comment au monde j’allais l’annoncer à ma famille. Je me souviens avoir eu hâte que se termine la rencontre, afin que je puisse me rendre à la chorale. « Oui oui, j’ai le cancer, c’est bon… je vais être en retard à la rencontre!! » (soupir) Quelle différence peut faire une journée!
Ce soir-là, j’ai annoncé aux amis que j’ai croisés que j’avais le cancer, bien qu’ils l’aient sans doute soupçonné, puisque je le leur apprenais en pleine quinte de toux violente. Puis je suis allée chez moi pour l’annoncer à ma famille, de ma manière habituelle, qui laisse entendre que ce n’est rien, espérant ainsi leur éviter de la peur ou de l’inquiétude. J’ai encore des doutes quant à mon succès.
De tous les jours qui se sont écoulés durant les épreuves de la dernière année, je crois que cette journée est celle dont je me souviens le plus clairement. Elle rejoue constamment comme un film dans ma tête. D’un côté, elle a été la journée la plus longue de ma vie. Tant de choses ont changé si vite, mais il y avait tant à faire, tant à gérer : la maladie, la douleur, la solitude, les rendez-vous, les piqûres. D’un autre côté, je n’arrive pas à croire que ça ne fait qu’un an… aussi parce que tant de choses ont changé. La plupart des gens mettent des années à évoluer de la façon dont j’ai évolué du fait d’avoir eu le cancer. Comment tant des choses ont-elles pu changer en si peu de temps? Ça m’étonne!
J’ai publié quelques photos pour illustrer ma métamorphose physique dans la dernière année. Vous pouvez les voir sur la seconde page d’accueil de mon blogue.