Vendredi soir, pour la première fois depuis plus d’un an, j’ai été à une répétition de la chorale.
par Robin Harry
Vendredi soir, pour la première fois depuis plus d’un an, j’ai été à une répétition de la chorale. La dernière fois que j’y avais participé, je m’étais réfugiée en pleurs dans les coulisses à cause de douleurs à la poitrine. J’allais découvrir plus tard que ces douleurs étaient dues à une grosse tumeur logée à un mauvais endroit. Inutile de dire que je n’ai pensé qu’à ça durant la répétition. Nous avons chanté, et je me suis rendu compte que ma voix n’est plus du tout ce qu’elle était. Mon registre est limité, mon endurance est nulle, et je devrai beaucoup travailler avant de pouvoir chanter comme avant. Mais à la fin de la répétition, juste avant la prière, c’est là que s’est produit le plus beau moment de la soirée lorsque notre chef de chœur (également un très bon ami) nous a posé cette question : « En un mot, de quoi vous êtes reconnaissants? »
Je ne sais pas comment une survivante du cancer peut répondre à une telle question. J’ai tellement de raisons d’être reconnaissante qu’il est difficile de trouver le mot juste qui les englobent toutes. Ma vie a été particulièrement pénible depuis plus d’un an, et on peut comprendre comme il est difficile de faire le tour de toutes les raisons qui me tiennent à cœur et pour lesquelles je suis profondément reconnaissante.
Je suis reconnaissante d’être en vie, reconnaissante envers Dieu qui sait où je suis même quand je n’ai pas la moindre idée de l’endroit où Il est. Je rends grâce à la vie qui me permet de profiter de tout ce que j’aime faire. Je suis reconnaissante de cette belle journée, car bien que je ne puisse m’en souvenir avec certitude, un coup d’œil sur mon calendrier et sur mon blogue me confirme que, l’an dernier, j’ai passé quelques jours au lit après ma chimio à combattre l’insomnie et la fatigue le jour de l’Action de grâce.
Je suis reconnaissante d’avoir une famille formidable et de merveilleux amis que je ne nommerai pas, car ils sont trop nombreux. Ils m’ont accompagnée à chaque étape de ma maladie dans la mesure de leurs moyens. Je suis même reconnaissante envers ceux qui ne se sont pas manifestés tandis que je traversais de durs moments, car en plus de m’avoir appris ce que doit être un bon ami, ils m’ont mise au défi de m’améliorer. Je suis reconnaissante d’avoir fait de nouveaux amis chemin faisant. Je suis reconnaissante envers les artistes qui m’ont fait rire et ont réussi à me distraire durant les jours les plus sombres (notamment Jeff Davis et Nathan Fillion). Je suis reconnaissante d’avoir Internet, un outil qui m’a permis de partager mon histoire avec tant de gens et de rencontrer d’autres jeunes comme moi (bonjour à YACC, au ClubDéfiCancer et à Lymphome Canada). Je suis reconnaissante envers mes médecins qui se souciaient de mon sort. Je suis reconnaissante de vivre dans un pays doté d’un système universel de soins de santé et d’avoir, grâce à mon travail, une police d’assurance fantastique qui me permet de survivre à une maladie dont les traitements sont très coûteux, et ce, sans courir vers la faillite. Je suis reconnaissante d’avoir appris de nombreuses leçons à mon sujet tout en marchant dans la vallée de l’ombre de la mort. Je suis réconfortée de savoir enfin qui je suis.
Somme toute, je suis tout simplement reconnaissante d’être en vie. Mais vous le dire en un seul mot? Impossible pour une survivante du cancer, impossible pour moi.