Ahhh… le solstice d’été. Une nouvelle saison. Le premier jour d’été. Combien j’ai attendu ce renouveau! Je me souviens d’avoir été très à l’aise avec un facteur humidex dans les 40.

par Robin Harry

Ahhh… le solstice d’été. Une nouvelle saison. Le premier jour d’été. Combien j’ai attendu ce renouveau! Je me souviens d’avoir été très à l’aise avec un facteur humidex dans les 40. Quand la sensation du soleil sur ma peau était la meilleure au monde. Quand je n’avais pas besoin d’un climatiseur portatif dans ma chambre. Quand je n’avais pas de crème solaire. C’est incroyable de voir à quel point les choses changent…

C’est mon premier été post-traitement (j’ai été en traitement presque tout l’été dernier!). Je ne sais pas ce qu’a fait la chimio – ou peut-être que c’étaient les radiations et ma glande thyroïde –, mais mon corps tolère maintenant bien mal la chaleur. J’ai peine à respirer à l’humidité; c’est vraiment nouveau pour moi. Ma peau est hypersensible au soleil : après seulement quelques secondes d’exposition, je sens qu’elle brûle. Je suis une fille de race noire qui provient des tropiques, ce n’est pas normal, bon sang!

Ce n’est là qu’une des manifestations du cancer dans ma vie de tous les jours. Je l’ai déjà accepté, et tant que je ne souffre plus du cancer en tant que tel, je peux vivre avec ça. Certains éléments me ramènent le lymphome à l’esprit chaque jour. Le stéroïde nasal que je renifle pour enrayer la toux persistante causée par les radiations. L’Ibuprofène que j’avale pour soulager la péricardite récurrente. Mes trous de mémoire sur les événements des derniers mois. Mes ongles d’orteils foncés (j’ignore pourquoi ils repoussent si lentement!). Les brûlures causées par les radiations sur ma poitrine et sur mon dos, qui sont toujours là, que les autres les voient ou pas.

Ce qui me surprend le plus, c’est que les autres supposent et présument que je suis passée par-dessus. Voilà seulement deux mois que je suis en rémission, et je me sens déjà mal à l’aise de parler de cancer avec plusieurs personnes. Alors qu’il était à propos d’en parler lorsque je faisais les traitements et avant de recevoir le verdict de rémission, je donne maintenant l’impression de me plaindre dès que je le mentionne. « Qu’est-ce que t’as à te soucier de crème solaire, alors que tu es en vie, hein? Attends, on parle encore de ça? Tu n’as plus le cancer! Qu’est-ce qui se passe de nouveau et d’exaltant dans ta vie? » Je suis une fille forte, mais quand même… deux mois?

Rémission n’est pas un mot magique grâce auquel tout est soudainement redevenu normal. Bien sûr, le plus dur est passé, les tumeurs ont disparu (j’en reparlerai), les traitements sont terminés… mais tout n’est pas encore fini. La rémission est tout aussi déroutante que la maladie, bien que différente. Des parties de mon corps sont toujours en voie de guérison et sont toujours sensibles, des douleurs subsistent, des déceptions m’attendent, mon futur est à définir. La plupart du temps, je me porte parfaitement bien, mais par moments, pas du tout. Ça prend du temps; les saisons s’enchaînent, mais la réalité ne change pas. Je ne peux prétendre que le cancer est complètement derrière moi; je n’y suis pas prête. Et en ce moment, je suis persuadée que c’est raisonnable.

« They said we’d better check the weather chart
Before we tie our colours to this mast
It’s just too hard thinking ’bout the future,
So let’s get on with the past »
Sting – Forget About The Future

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