La période d’attente entre les traitements anticancéreux et le moment des examens est délicate et paradoxale, perdue quelque part entre le présent et le passé.
par Robin Harry
Are you sure I’m not alright?
‘Cause lately I’ve been feeling fine!
(Machine – Josh Groban)
La période d’attente entre les traitements anticancéreux et le moment des examens est délicate et paradoxale, perdue quelque part entre le présent et le passé. Quand les gens demandent « comment vas-tu maintenant? », qui en soi est une question tout à fait légitime, je ne sais simplement pas comment répondre, parce qu’à dire vrai, je ne sais pas! Le cancer a peut-être disparu. Peut-être pas non plus. Alors, que dire? J’ai le cancer, ou j’avais le cancer? Chaque réponse, à ce moment-ci, pourrait s’avérer un mensonge ou une promesse (tous les « nerds » tels que moi – ou les amateurs de The Big Bang Theory – pensent immanquablement au chat de Schrödinger).
Quoi qu’il en soit, je me sens plutôt bien ces jours-ci : mes cheveux repoussent comme sur un Chia pet crépu, je n’ai pas de douleurs aléatoires, mon niveau d’énergie est presque revenu à la normale, le bronzage de radiation a presque disparu. Tout est tranquille aux premières lignes du cancer. Je suis un programme d’exercices à la clinique Wellspring, afin de m’aider à recouvrer une santé cardiovasculaire à la suite des traitements, ce qui se passe très bien, en plus d’être très agréable. Je suis toutefois consciente que la guérison n’est pas totale. Le symptôme qui tarde le plus à disparaître est celui qui nuit à mon esprit embrouillé par la chimio. Bien que tout semble rouler comme sur des roulettes, comme avant la maladie, j’ai parfois des trous de mémoire. J’oublie encore des conversations, et il y a encore des événements qui se sont produits durant mon été de chimio dont je ne me souviens pas.
Je blâme mon cerveau de chimio pour l’une des aventures les plus étranges que j’ai vécu récemment. La semaine dernière, je me suis COMPLÈTEMENT perdue au centre-ville de Toronto, en chemin vers un restaurant où je suis allée des dizaines de fois. Je ne pouvais simplement pas me rappeler si la rue sur laquelle j’étais était située sur l’axe nord-sud ou est-ouest, et je ne savais aucunement dans quelle direction je marchais. J’étais complètement désœuvrée. Je regardais autour de moi et ne reconnaissais aucun des immeubles. J’ai donc choisi une direction et je me suis mise à marcher (c’était la mauvaise direction), dans l’espoir que la prochaine rue me serait familière. Rendue à l’intersection, elle ne me disait rien non plus. Alors j’étais là, debout au coin de Wellington et York, sans aucun indice pour me repérer, et complètement désorientée. Dieu merci, il existe des téléphones intelligents Android et Google Maps! C’était très ennuyeux, parce que ce coin du centre-ville ne m’est pas inconnu.
Alors bien que je me sente bien, je ne suis pas encore complètement remise. Voilà un autre paradoxe : je suis à la fois bien portante et mal portante. Mais j’y arriverai!
Robin
P.-S. : Joyeuse Saint-Valentin!!! (ou la Journée de la sensibilisation au célibat, comme je me plais à l’appeler) 🙂