S’il y a une chose que je regrette au moment où j’étais en traitement à l’hôpital, puis à la maison, c’est de ne pas avoir été assez intransigeante.
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S’il y a une chose que je regrette au moment où j’étais en traitement à l’hôpital, puis à la maison, c’est de ne pas avoir été assez intransigeante.
Oui, vous avez bien lu!
Comme le savent la plupart des personnes touchées par le cancer, l’appui massif qu’on vous manifeste après l’annonce officielle du diagnostic est incroyable. J’ai été bombardée d’appels de gens que j’avais côtoyés à différentes époques de ma vie, et tous tenaient à m’exprimer leur amour et leur soutien. C’était bien sûr merveilleux, et leur appui m’a donné la force intérieure dont j’avais extrêmement besoin, mais comme c’était exténuant!
Au début, j’étais trop polie. J’acceptais les visites même si j’étais très fatiguée. Je n’avais pas dit à ma famille qu’il me fallait des moments de solitude à l’hôpital. J’avais autorisé les visites après mes chirurgies même si je n’étais pas en état de converser. Les personnes en « bonne santé » ne comprennent pas toujours que nous devons déployer des trésors d’énergie pour être sur la même longueur d’onde qu’elles. Quand vous êtes à bout de forces, assurez-vous de bien utiliser le peu d’énergie qu’il vous reste. Si vous épuisez vos réserves de la journée par politesse pour quelqu’un qui est là surtout pour se faire plaisir plutôt que pour vous aider, ce n’est pas une bonne façon de dépenser une énergie précieuse.
J’ai fini par apprendre que la franchise est la meilleure politique dans ce type de situation. Les gens s’en font pour vous. Si vous leur expliquez que vous aimeriez les recevoir, mais que le stress et vos traitements vous épuisent trop pour l’instant, ils devraient comprendre. Sinon, il serait peut-être bon d’évaluer le bien-fondé de les voir – du moins, pour le moment.
Même si j’ai terminé mes traitements il y a un an et demi, je suis encore aux prises avec un problème : la fatigue. Elle persiste, et je fais toujours très attention de ne pas me surmener. Mais je suis prise en ce moment dans un cercle vicieux où je fais tout en même temps, après quoi j’ai besoin d’une semaine au lit pour reprendre des forces. J’essaie de maintenir un équilibre précaire qui change constamment et qui se complique du fait que je ne sais jamais comment je me sentirai le matin au réveil.
Soyons intransigeants. Disons « non ». L’égoïsme n’est pas un vilain mot. Ceux qui nous aiment vraiment nous laisseront faire ce qui est bien pour nous. Ainsi, nous pourrons préserver notre énergie pour passer des moments bien mérités entre amis, des moments mémorables pour les bonnes raisons, des moments qui en valent le coup.