Cette semaine, il m’est arrivé une chose étonnante qui m’a fait extrêmement plaisir. Une chose à laquelle je ne croyais presque plus.
par Robin Harry
Cette semaine, il m’est arrivé une chose étonnante qui m’a fait extrêmement plaisir. Une chose à laquelle je ne croyais presque plus. Je rentre dans mes vieux jeans!
La plupart des vêtements que je portais avant le cancer me font bien. C’est important pour moi. J’ai pris 30 livres durant mes traitements et j’ai dû refaire toute ma garde-robe. Mais aujourd’hui, selon le pèse-personne, j’ai perdu près de 25 livres. Merci régime santé et exercices intermittents! Comment décrire la satisfaction que j’ai éprouvée de pouvoir enfiler ma vieille paire de pantalons, taille 6, et de fermer la fermeture éclair sans que cela coupe la circulation à la taille? C’était formidable. Exception faite de mes cheveux, j’ai retrouvé mon apparence d’antan. À certains égards, je crois même l’avoir améliorée. Chose certaine, je n’ai pas l’air de quelqu’un qui, il y a moins d’un an, avait le cancer.
Pourquoi alors ais-je impression que ça se lit sur mon visage?
Toutes les personnes que je connaissais avant d’avoir le cancer sont au courant de ma maladie. De toute évidence, je n’ai pas voulu en faire un secret. Et les nouveaux amis que je me suis faits depuis, je les ai rencontrés à cause du cancer; la plupart sont de jeunes adultes qui ont vécu la même expérience que moi. Le cancer fait maintenant partie de ce que l’on sait sur moi, et je voyais auparavant son reflet dans le miroir. J’apercevais cette grande fille Robin, une survivante du cancer à la peau foncée, portant des lunettes mauves. Honnêtement, je vois encore la même personne aujourd’hui. Voilà pourquoi il est si difficile pour moi de concilier la perception que j’ai de moi-même et celle qu’ont les gens qui, en me voyant, ne pensent pas toujours à ma maladie.
Lorsque ma chorale a repris ses activités en septembre, nous avons accueilli un grand nombre de nouveaux choristes que je n’avais jamais rencontrés auparavant. Depuis l’annonce du diagnostic, ce sont les premières personnes à faire apparition dans ma vie qui ignorent tout de ma maladie. Ils n’ont jamais été témoins de mon expérience. Ils ne comprennent pas pourquoi je suis si heureuse de ne pas voir de médecin durant un mois, ni pourquoi j’ai les cheveux courts. Et même si un jour ils l’apprennent, ils ne sauront jamais ce qui s’est passé vraiment. À vrai dire, je trouve ça étrange et perturbant. Je me sens déconnectée comme une étrangère. Je n’ai jamais songé qu’il y aurait un jour où les gens me verraient tout simplement comme « une fille qui s’appelle Robin », et non comme « une fille qui a survécu au cancer ».
C’est étrange d’essayer de vivre avec la différence entre mon reflet et mon « image ». Comprenez-moi bien, je trouve que j’ai l’air en pleine forme. Mais je n’ai pas besoin d’avoir l’air malade pour apercevoir le cancer dans mon reflet. Je commence à me rendre compte que cette dissemblance est en moi. Je suis sûre que c’est une bonne chose. Il me faudra juste un peu de temps pour m’y habituer.